lundi 16 mars 2009

Chapitre 1

Chapitre 1


Un présent sans lendemains.




Dès le réveil de pénibles pensées étreignent mon esprit encore engourdi par ces quelques heures de sommeil que péniblement je soustrais à mon impitoyable compagne insomnie. Cette pesante solitude presse mon cœur le vidant de tout espoir et de toute envie. Pourtant je dois surmonter quotidiennement cette épreuve douloureuse pour continuer malgré l’absence…

Sous la douche, les yeux clos, je laisse l’eau ruisseler doucement le long de mon corps, ressentant chaque goutte effleurant les moindres pores de ma peau.
J’aime cette sensation de bien être qui m’envahit durant ces instants où l’eau crée une fine enveloppe me protégeant des turpitudes du monde extérieur.
Après un long moment d’abandon absolu, je me décide à me savonner mais lentement pour ne rien brusquer tant ce rituel matinal m’est précieux. Une fois rincé et séché, je me tourne vers le grand miroir qui surplombe mon lavabo pour affronter son verdict impitoyable.
L’image qui se reflète est celle d’un homme de trente-neuf ans plutôt pas désagréable à regarder…mais ce n’est qu’une apparence trompeuse.
Au plus profond de mon âme se terrent d’immondes douleurs détruisant sans aucune pitié le moindre espoir naissant. Ces regrets blessants guident chacun de mes pas sur la longue route désertique menant à ma prochaine déception…

J’allume ma chaîne hi-fi qui déverse des flots de musique violente. J’ai besoin de cet électrochoc musical pour me sortir de ces funestes pensées qui nourrissent mon quotidien.
Je n’ai plus le luxe de me permettre un quelconque rêve ou espoir de m’extirper de cette vie qu’est la mienne à présent. Je l’ai battit à des années lumières de tous ces songes qui berçaient mon enfance et mon adolescence.
D’un amour désabusé à cette solitude pesante, je n’ai fait que cumuler les erreurs et les répéter inlassablement. La vie ne m’a rien enseigné, juste qu’il est plus aisé de fuir toutes formes de responsabilités affectives que de les affronter ! Triste constat…

Je m’habille en choisissant une tenue qui un tant soit peu me mets en valeur, même si cela me paraît bien futile.
J’ignore ce qui me pousse encore à agir ainsi. Je n’attends plus rien des autres, ni plus grand chose de moi-même. J’ai passé tant de temps à chercher une raison d’exister, ma place dans cette vie qui se dérobe sous mes pas, engloutissant mon avenir dans une pesante solitude affective. J’ai aimé, mal m’en a pris ! Au bout du compte je n’ai rien gardé, juste quelques souvenirs qui lacèrent mon cœur et vident mon âme nuits après nuits.
Je ne comprends plus ce monde dans lequel j’essaie de survivre. Je ne trouve aucune explication à ces échecs répétés et ces terribles constats : au bout du compte après chaque séparation je suis le seul à souffrir !

J’ai traversé ces quinze dernières années comme un fantôme, frôlant le bonheur sans jamais réussir à vraiment l’enlacer dans mes bras amants…
J’ai essayé de tout mon cœur, de tout mon corps, allant jusqu’à accepter les mensonges les plus blessants et les immondes trahisons, pour en arriver à ce terrible constat : je ne pourrais plus jamais vraiment aimer.
J’ai sacrifié une grande partie de ma vie sur l’autel de l’amour sans aucun calcul, juste avec l’infime espoir de récolter un peu de tendresse. Mais en vain, c’était trop demander…
En deux ans j’ai perdu tout ce qui pouvait donner un sens à ma vie. Cette fille qui a partagé dix ans de mon existence, mon travail et mes parents…..
Je dois encaisser ces désagréments sans rien laisser transparaître. Je ne dois rien montrer pour ne pas inquiéter mes amis et mes proches.
Tout garder au plus profond de moi, alors que tout mon être n’aspire qu’a une chose : Crier à la face du monde mon désespoir ! Je ne peux m’y contraindre car je sais le prix à payer pour de telles confidences.

Autrefois je me suis livré à cœur nu au jugement de l’autre et le résultat obtenu s’est avéré bien différent de ce que j’espérais. Dans le meilleur des cas je n’obtenais que la pitié ou au pire une banale compassion.
J’aurais tant voulu que quelqu’un m’écoute sans porter le moindre jugement sur mes erreurs, juste une personne qui me soulage de ce poids trop lourd à porter et qui à présent ensevelit mes lendemains sous ces gravats de regrets et de remords.
J’ai échoué dans cette quête de l’amour partagé. J’ai dilapidé les plus belles années de ma vie dans des relations où j’étais le seul à offrir sans arrière pensée.
Seule ma mère pouvait atténuer la brûlure de ces frustrations. Par un simple regard, d’un simple sourire, ma peine semblait moins pesante et les brumes des doutes masquant l’horizon de ma vie amoureuse se dissipaient parfois…

Habillé, je consulte les offres d’emplois dans le quotidien régional, sans vraiment y croire. Je suis arrivé au point de non-retour. A trente-six ans, sans voiture, sans emploi et vivant ces dernières années sous le même toit que mon père, que puis-je espérer de ces lendemains désenchantés ?
A présent que mon père s’en est allé dans d’immondes souffrances, rongé par la maladie comme ma mère trois années auparavant, je suis encore un peu plus seul….orphelin dans ma vie comme dans mon cœur où la solitude étreint de plus en plus mes désirs et mes derniers espoirs.

Au fond de moins j’ai cette irrésistible envie de finir avec tout cela, dans un ultime geste, mettre fin à mon mal de vivre.
Mais sans la moindre raison, une curieuse sensation, une forme d’espoir infime et pourtant persistant, continue a donner une impulsion suffisante pour que chacun de mes battements de cœur soit suivi d’un autre, propulsant un semblant de vie le long de mes artères, noyant mon cerveau d’une vision d’un improbable avenir désiré, mais allant à l’encontre de certains désirs implantés profondément dans mon esprit désabusé.
Malgré mes désirs, je dois continuer à errer dans cette morne vie, où mon présent n’a plus aucun avenir…

A chacun sa destinée. La mienne se délecte de mes cruelles souffrances cachées dans les plus sombres recoins de mon cœur…

2 commentaires:

  1. Bonsoir Juan,
    Très beau texte, qui m'a beaucoup ému. Au delà des expériences, il y a des sentiments, des ressentis qui nous sont effectivement communs. Je crois que c'est le propre de la souffrance d'être la chose la mieux partagée!
    Merci infiniment pour votre commentaire sur mon blog. Il me touche beaucoup.
    J'espère que vous parviendrez aussi à aller au bout de vos écrits. Pour un peu de paix.
    En ce qui me concerne, et pour répondre à votre commentaire, je crois que je parviens à écrire de cette manière plutôt impudique, peut-être parce que j'ai déjà fait la paix avec les autres, ceux qui m'ont occasionné des souffrances, et j'ai aussi fait la paix avec moi-même, ce qui me paraît être le plus difficile (à mon sens et dans mon cas!).
    Je ne sais pas encore très bien les événements qui ont jalonné votre vie et qui vous font souffrir encore aujourd'hui (une rupture amoureuse, semble-t-il, et je pense qu'il s'agit d'un événement qui marque profondément en général), mais j'espère que vous continuerez dans l'écriture (avec un style vraiment intéressant! ce qui, au delà du contenu du récit est un élément essentiel selon moi).
    Comptez-moi ainsi parmi vos fidèles lectrices! Je ne manquerai aucun billet et je n'hésiterai pas à vous faire part de mes impressions, si cela vous convient.
    Merci à vous de partager votre histoire, d'une si belle façon.
    A très bientôt!
    Et prenez bien soin de vous.
    Marie

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  2. Merci pour votre magnifique commentaire et merci aussi pour votre fidélité.
    Et je suis vraiment ravi que mes petits mots puissent vous intéresser voir vous émouvoir.
    A bientôt...

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